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Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/23

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de ceux que ma famille avoue — Damion Cubas n’ayant été après tout qu’un tonnelier, peut-être même un mauvais tonnelier, tandis que Luiz Cubas passa par l’Université de Coimbra, occupa de hautes charges, et fut un des confidents du vice-roi, comte de Cunha. Comme ce nom de Cubas sentait par trop le muid, mon père, qui était l’arrière petit-fils de Damion, alléguait les hauts faits d’armes d’un certain chevalier qui, sur la terre d’Afrique, aurait reçu ce titre, un jour qu’il enleva trois cents cuves[1] aux Mores. Mon père, homme d’imagination, échappait ainsi à la tonnellerie sur l’aile d’un calembour. C’était un digne homme, d’un bon naturel, digne et loyal entre tous. Il avait bien quelques fumées de vanité. Mais trouve-t-on quelqu’un en ce bas monde qui échappe à ce travers ? Il est bon d’ajouter qu’il ne recourut à ce stratagème qu’après avoir cherché à greffer notre famille sur le vieux tronc de mon célère homonyme, le capitan Braz Cubas, qui fonda la ville de S. Vicente où il mourut en 1592. Ce fut pour ce motif qu’il me donna le nom de

  1. Cubas (cuves) en vieux portugais. (Note du traducteur.)