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Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/245

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Je la tranquillisai de mon mieux ; ce pouvait être des préoccupations politiques. Virgilia avoua que c’était possible ; mais elle n’en demeura pa moins excitée et nerveuse. Nous nous trouvions dans le salon, qui donnait sur le jardin où nous avions échangé notre premier baiser. Une fenêtre ouverte laissait pénétrer une brise qui secouait doucement les rideaux, et j’y fixais mes regards sans les voir. À travers la lorgnette de mon imagination, j’entrevoyais dans le lointain une maison, une vie qui fussent nôtres, un monde où il n’y aurait ni Lobo Neves, ni mariage, ni morale, ni aucun lien qui entravât notre volonté. Cette idée me grisa. Le monde la morale, le mari, se trouvant ainsi éliminés, il n’y avait plus qu’à pénétrer dans cette habitation de délices.

— Virgilia, lui dis-je, je vais te faire une proposition.

— Laquelle ?

— M’aimes-tu ?

— Oh ! soupira-t-elle, en m’enlaçant de ses bras.

Et c’était vrai qu’elle m’aimait avec furie. Sa réponse traduisait une vérité patente. Les bras