Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/291

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ment promener le muscadin et ses galanteries. Puis elle vint à moi, me prit le bras, m’emmena dans une autre salle, et se plaignit d’être fatiguée et d’un tas d’autres choses, de l’air puéril qu’elle prenait en certaines occasions ; et je l’écoutai sans presque lui répondre.

Il m’en coûtait de répondre à sa question, mais enfin je lui donnai le motif de mon absence… Non ! éternelles étoiles, jamais je ne vis regards plus surpris. La bouche à demi ouverte, les sourcils en arc, une stupéfaction visible, tangible, indéniable, telle fut la première réponse de Virgilia. Elle branla la tête avec un sourire de pitié et de tendresse qui me confondit :

— Quelle idée !

Et elle alla retirer son chapeau, tranquille et joviale comme une petite fille qui revient de l’école. J’étais assis, elle se rapprocha de moi et me battit sur le front avec un seul doigt en répétant : « Quelle folie ! » Force me fut de rire, et nous en finîmes par des plaisanteries. Il est clair que je m’étais trompé.