Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/310

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vince était éloignée, si nous y demeurerions longtemps. Je la consolai de mon mieux ; mais moi-même j’avais besoin d’être réconforté. L’objection de Cotrim me poursuivait. Virgilia survint au bout d’un instant, légère comme une hirondelle. Mais en me voyant tout morose, elle changea de visage.

— Qu’y a-t-il ?

— J’hésite, je ne sais trop si je dois accepter.

Virgilia, prise d’un fou rire, se laissa aller sur le canapé

— Pourquoi ? dit-elle.

— C’est braver l’opinion…

— Mais puisque nous ne partons plus.

— Comment ça !

Elle me dit alors que son mari allait refuser la nomination, pour un motif qui lui avait été confié sous toute réserve. « C’est puéril, lui avait-il dit, c’est ridicule, en somme, mais pour moi, la raison que j’ai de rester est puissante. » Le décret était signé du 13, et ce nombre lui rappelait de tristes souvenirs. Son père était mort un 13 ! treize jours après un dîner où se trouvaient treize personnes ! La maison où sa mère était morte portait le numéro 13 ; etc. C’était un