Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/320

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et fatigante. Un jour que nous nous trouvions chez lui en tête à tête, et causant allègrement, on vint lui dire que le Dr B…, qui n’était pas amusant tous les jours, demandait à le voir. Jacob fit répondre qu’il n’y était pas.

— Ça ne prend pas, cria une voix dans le corridor ; je suis déjà dans la place.

C’était effectivement le Dr B… qui apparut à la porte du salon. Jacob alla à sa rencontre, en affirmant qu’il avait entendu le nom d’une autre personne, car il avait le plus grand plaisir à le voir. Ces protestations nous valurent une heure d’ennui mortel. Jacob tira sa montre de sa poche, et le Dr B… lui demanda s’il allait sortir.

— Avec ma femme, dit Jacob.

B… s’en alla, et nous respirâmes. Quand nous eûmes fini de respirer, je dis à Jacob qu’il venait de mentir quatre fois, en moins de deux heures : d’abord en faisant dire qu’il n’y était pas, ensuite en feignant une trompeuse allégresse ; troisièmement en disant qu’il allait sortir ; quatrièmement en ajoutant : « avec ma femme ». Jacob réfléchit un instant : ensuite il se rendit à la justesse de mon obser-