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Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/343

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été plus expansive, plus à son aise, moins préoccupée des autres et de son marie. Elle ne ressentait aucun remords. Je m’imaginai alors que cette grossesse était une pure invention, un moyen de m’attacher davantage, et dont elle se fatiguait à la longue. L’hypothèse était admissible : ma douce Virgilia mentait parfois avec tant de désinvolture !…

Ce soir-là, je compris qu’elle avait peur du dénouement, et qu’elle trouvait son état gênant. Ses premières couches avaient été laborieuses. Et cette heure cruelle, tissée de minutes de vie et de minutes de mort, lui faisait passer le frisson du condamné. Quant à la gêne, elle se compliquait de la privation de certaines habitudes de vie élégante. Ce devait être cela. Je le lui donnai à entendre, en la grondant un peu, au nom de mon autorité paternelle. Virgilia me regarda ; puis elle détourna les regards avec un geste d’incrédulité.