Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/442

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honneurs possible à un personnage peu estimé, convive de la dernière heure, mais convive inévitable. Elle le sait bien, la jolie femme qui florissait à l’aurore du règne actuel sous le ministère Parana, attendu qu’elle est plus rapprochée du triomphe et qu’elle se sent déjà détrônée. Alors, si elle a la dignité d’elle-même, elle ne s’entête pas à réveiller les attentions mortes ou défaillantes. Elle ne cherche pas dans les regards d’aujourd’hui les mêmes hommages que lui prodiguaient les regards d’autrefois, quand d’autres commençaient la promenade de la vie, l’âme allègre et le pied léger. Tempora mutantur ! Le même tourbillon emporte les feuilles sèches et les loques du chemin, sans exception ni pitié. Et les gens philosophes n’envient point, mais plaignent plutôt ceux qui ont pris leur place dans la voiture, parce qu’à leur tour ils seront mis à pied par le conducteur Oblivion. Et tout cela à seule fin de dérider la planète Saturne, qui promène son ennui dans l’espace.