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Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/62

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ceux qui m’avaient offensé ; mais entre la matinée et la soirée, je faisais quelque grave espièglerie, et mon père, après le premier mouvement de mauvaise humeur, me donnait de petites tapes en me disant : « Ah ! polisson ! ah ! polisson ! »

Oui, vraiment, mon père m’adorait. Ma mère était une femme faible, de peu d’esprit et d’un grand cœur, crédule, sincèrement pieuse, casanière bien que jolie, et modeste quoique riche. Elle ne craignait que deux choses au monde, le tonnerre et son mari, qui était son oracle et son Dieu. De la collaboration de ces deux êtres résulta mon éducation qui, bonne peut-être par quelque côté, était en général vicieuse, incomplète et même négative sur certains points. Mon oncle, le chanoine, faisait bien quelques reproches à son frère ; il lui disait que j’étais trop libre et pas assez bien élevé, que j’étais trop gâté et pas assez châtié. Mais mon père répondait que mon éducation était faite suivant un système très supérieur à la routine coutumière ; et de la sorte, sans persuader mon oncle, il arrivait à se convaincre lui-même.