Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/91

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faire une telle offense, de garder le bijou. Elle m’obéit en souriant.

D’ailleurs elle me payait largement de mes sacrifices. Elle devinait mes plus secrets désirs ; elle les prévenait tout naturellement, par une espèce de nécessité affective, par une fatalité de sa conscience. Jamais le désir n’était raisonnable ; c’était pur caprice, simple enfantillage. Je la voulais vêtue d’une certaine manière, parée de telle et telle façon ; j’exigeais qu’elle mît ce vêtement et non un autre, qu’elle vînt se promener. Il en était ainsi du reste. Elle consentait à tout, souriante et bavarde.

— Quel être extraordinaire tu fais ! me disait-elle.

Et elle allait mettre la robe, la dentelle, les bijoux, avec une docilité charmante.