Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/119

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puis plusieurs jours pour la première œuvre que le compositeur lui apporterait, titre, guilleret, long et esbrouffant. Et c’était : Senhora Dona, guarde o seu balayo[1].

— Et pour la prochaine fois, j’en ai déjà un en tête.

Aussitôt mise en vente, la première édition fut tout de suite enlevée. La renommée du compositeur y eût suffi, mais l’œuvre en elle-même était appropriée au genre ; originale, elle incitait à la danse, et se gravait facilement dans la mémoire. En huit jours, elle était célèbre. Pestana s’éprit d’abord de sa composition. Il la chantait amoureusement à voix basse, s’arrêtait dans la rue, quand on la jouait, dans quelque maison. Il se fâchait si on l’interprétait mal. Bientôt, l’orchestre des théâtres s’en empara. Il alla l’ouïr. Il ne lui déplut pas non plus de l’entendre siffloter, un soir, par un quidam qui descendait la rue do Aterrado.

Cette lune de miel dura seulement un quart de lune. Comme les autres fois, plus rapidement encore, les vieux maîtres portraiturés le

  1. Ma bonne dame, gardez votre panier.