Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/121

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revenir aux vieilles sources, d’où rien ne coulait pour lui. Dans cette alternative, il vécut jusqu’à son mariage et après.

— Se marier… avec qui ? demanda mademoiselle Motta à son oncle, le notaire, qui lui donna cette nouvelle.

— Avec une veuve.

— Vieille ?

— Vingt-sept ans.

— Jolie ?

— Ni jolie ni laide : comme ci comme ça. Il paraît qu’il s’est amouraché d’elle en l’entendant chanter à la dernière fête de Saint-François-de-Paule. Mais j’ai entendu dire qu’elle possède aussi un autre attrait moins rare : elle est poitrinaire.

Les notaires ne devraient pas avoir d’esprit, — d’esprit malin, veux-je dire. La nièce ressentit comme l’impression d’un baume qui guérit en elle la morsure de l’envie. La nouvelle était vraie. Pestana se maria peu après avec une veuve de vingt-sept ans, bonne chanteuse et phtisique. Il la reçut comme l’épouse spirituelle de son génie. Le célibat était sans aucun doute la cause de sa stérilité et de son