Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/127

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des dettes, et les exigences quotidiennes dévoraient le surplus qui était déjà fort réduit. Il accepta le traité.

— Mais j’ai besoin de la première polka tout de suite, dit l’éditeur. C’est urgent : Avez-vous lu la lettre de l’empereur à Caxias ? les libéraux ont été appelés au pouvoir ; on va faire la réforme électorale. La polka s’appellera Vive l’élection directe ! Ce n’est pas de la politique ; c’est un bon titre d’occasion.

Pestana composa la première polka de la série. Malgré son long silence, il n’avait perdu ni l’originalité, ni l’inspiration. Il conserva la même note géniale. Les autres polkas vinrent ensuite, régulièrement. Il avait conservé les portraits et le répertoire. Mais il évitait de passer toutes les nuits au piano pour ne pas récidiver dans de nouvelles tentatives. Il demandait une entrée de faveur à chaque bon opéra ou concert d’artiste, et se mettait dans un coin, pour écouter cette quantité de motifs qui jamais ne germeraient dans sa cervelle. Une fois ou l’autre, il revenait chez lui tout imprégné de musique, et le maestro inédit se réveillait en lui. Alors, il s’asseyait au piano, et, sans y penser, il appuyait