Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tantisme sui generis, une réduction de Caligula.

Quand Maria Luiza rentra dans le cabinet, un instant après, son mari alla à sa rencontre, en souriant ; il lui prit les mains en lui parlant doucement.

— Quelle femmelette !

Et se tournant du côté du médecin :

— Croiriez-vous qu’elle s’est presque évanouie.

Maria Luiza s’excusa de sa peur, reconnut qu’elle était nerveuse et femme ; puis elle alla s’asseoir près de la fenêtre avec ses aiguilles et ses pelotes, les doigts tremblants, telle que nous l’avons trouvée au début de cette histoire. On se rappelle qu’après avoir parlé de différentes choses, tous trois s’étaient tus, le mari assis et regardant en l’air, le médecin faisant claquer ses ongles. Peu après on alla dîner ; mais le repas ne fut pas gai. Maria Luiza songeait et toussait ; le médecin se demandait à lui-même si elle n’était pas exposée à quelque sévice, dans la compagnie de cet homme. C’était à peine croyable ; mais l’amour transforma la possibilité en certitude ; il trembla pour elle, et se promit de veiller.