Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/175

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La nuit suivante, tandis qu’une parente de Maria Luiza, qui avait assisté à ses derniers instants, était allée se reposer, Garcia et Fortunato, tous deux pensifs, veillaient le cadavre. Mais le mari lui-même était épuisé, et le médecin lui dit d’aller se reposer un moment.

— Allez dormir une heure ou deux ; ensuite ce sera mon tour.

Fortunato sortit, se coucha sur le sopha du petit salon contigu, et s’endormit aussitôt. Au bout de vingt minutes, il s’éveilla, essaya de retrouver le sommeil, tomba pendant quelques minutes dans une somnolence, et enfin se leva et rentra dans le salon, en marchant sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller la parente, qui reposait tout auprès. À la porte, il s’arrêta stupéfait.

Garcia s’était approché du cadavre, il avait soulevé le voile, et contemplait depuis quelques instants les traits de la défunte. Puis, comme si la mort spiritualisait tout, il s’était incliné et l’avait baisée sur le front. Ce fut à ce moment que Fortunato arriva à la porte. Il demeura pétrifié. Ce ne pouvait être la caresse de l’amitié ; ce devait être plutôt l’épilogue d’un roman