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Adam et Ève


La propriétaire d’une plantation de la province de Bahia, ayant offert un dîner à quelques intimes, dans les premières années du xviiie siècle, annonça à l’un des convives, lequel était fort gourmand, qu’elle avait fait préparer un certain plat de dessert de sa façon. Il voulut savoir ce que c’était, la maîtresse de la maison le traita de curieux. C’en fut assez pour qu’un instant après, tout le monde discutât sur la curiosité. Appartenait-elle plus spécialement aux hommes ou aux femmes ? La responsabilité de la perte du paradis devait-elle retomber sur Ève ou sur Adam ? Les femmes prenaient parti pour Ève, les hommes pour Adam, sauf un magistrat, qui se taisait, et un carmélite, du nom de frère Bento, qui, interrogé par dona Leonor, la maîtresse de céans, répondit en souriant :