— Mais les Écritures…, dit le colonel Barbosa.
— Laissez là les Écritures, interrompit le carmélite. Naturellement M. Velloso connaît d’autres livres.
— Je connais le livre authentique, dit le magistrat, en recevant des mains de dona Leonor le plat de dessert qu’elle lui présentait ; et je suis prêt à dire ce que je sais, si l’on ne m’ordonne pas de me taire.
— Parlez.
— Voici comment les choses se passèrent. D’abord ce n’est pas Dieu qui créa le monde ; ce fut le diable.
— Doux Jésus ! crièrent les dames.
— Ne prononcez pas ce nom, supplia dona Leonor.
— En effet, il paraît que… dit frère Bento.
— Bon : appelons-le le Malin. C’est le Malin qui a créé le monde ; mais Dieu, qui lisait dans sa pensée, le laissa faire, et se limita à corriger et à atténuer l’œuvre du démon, afin que le mal lui-même ne pût désespérer du salut ou du bienfait. Et l’action divine se montra tout de suite, car, le Malin ayant créé les ténèbres,