Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/23

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défaut de couper à chaque instant l’attention, et donne parfois au récit une allure d’essoufflement. Les contes qui vont suivre sont d’ailleurs exempts de ce travers : ils sont coulés d’un seul jet. Même dans ces nouvelles si courtes, où il a à peine le temps de dessiner l’esquisse d’un personnage, il y en a certains qu’on n’oublie pas. Ce compositeur de polkas, impuissant aux œuvres fortes, qui n’a pourtant d’autre ambition que d’écrire une page classique, et met au service de son rêve l’enthousiasme de l’amour et la douleur du veuvage ; cette Dona Paula, « austère et pieuse, entourée de prestige et de considération », qui, sous son apparent rigorisme, cherche à revivre, à travers les amourettes de sa nièce, ses propres aventures et son propre adultère, et dont les sens sont si définitivement rassis, dont l’imagination est si complètement amortie, qu’il lui est impossible, quelque effort qu’elle fasse, de vibrer une dernière fois d’un désir ou d’un regret : voilà certes des créations qui s’imposent à la mémoire.