Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/257

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aux autres, à la façon des vagues qui n’en finissent pas. Il ne pouvait comprendre comment une seule soirée, quelques heures à peine, suffisaient pour lier ainsi deux créatures ; mais l’évidence éclatait dans leurs gestes, dans leurs regards, dans leurs paroles, dans leurs rires, et jusque dans la tristesse avec laquelle ils se séparèrent au matin.

Il se retira abasourdi. Une seule nuit, quelques heures à peine !… En arrivant tard chez lui, il se coucha, non pour dormir, mais pour pleurer tout à son aise. Dans la solitude, son affectation s’écroulait. Il n’y avait plus de diplomate, mais un énergumène qui se roulait sur sa couche, hurlant, pleurant comme un enfant, dans la réelle souffrance de ce triste amour d’automne. Le pauvre diable, fait de rêvasseries, d’indolence et de vanité, était, en substance, aussi malheureux qu’Othello. Mais sa fin fut moins cruelle.

Othello tue Desdémone ; notre amoureux, dont personne ne soupçonna jamais la passion cachée, servit de témoin à Queiroz, lorsque six mois après celui-ci épousa Jeannette.

Ni les événements ni les ans ne changèrent