Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/275

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opéra de l’Infini. Évariste avait à peine entrevu le visage de Marianna. Il se retira dans un coin, sans oser regarder son visage ni suivre des yeux ses mouvements. Le médecin survint, examina le malade, recommanda l’observation des ordonnances, et se retira en promettant de revenir vers le soir. Marianna l’accompagna jusqu’à la porte, l’interrogeant à voix basse, et cherchant à lire sur le visage du praticien ce que sa bouche se refusait à dire. Alors, seulement, Évariste put l’examiner à loisir. La douleur semblait l’avoir abattue, bien plus que les années. Il reconnut ses gestes familiers. Elle ne descendait plus de la toile, comme l’autre, mais du temps. Avant qu’elle n’eût repris sa place auprès de son mari, Évariste résolut de partir et marcha vers la porte.

— Vous m’excuserez… Je regrette de ne pouvoir parler à votre mari.

— Vous voyez que c’est impossible en ce moment ; le médecin lui a recommandé le repos et le silence. Ce sera pour une autre fois.

— Vous ne m’avez pas vu plus tôt parce que je suis revenu depuis peu de voyage, et j’ignorais…

— Merci.