Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surpris les regards de Curvello fixés sur nous. Je dis à Raymundo d’attendre un instant. Il me semblait que l’autre nous observait, et je fis comme si de rien n’était. Au bout d’un instant je lui lançai de nouveau un coup d’œil, et comme on croit facilement ce que l’on désire, je lui trouvai l’air le plus naturel du monde. Et je repris courage.

— Donne…

Raymundo me passa la pièce subrepticement, je la fourrai dans ma poche avec un émoi que je ne saurai traduire. Je la tenais enfin, là, collée contre ma chair. Maintenant il fallait rendre le service, expliquer la leçon. Je m’exécutai de bonne grâce, et en conscience le mieux que je pus. Je lui passai les colles sur un bout de papier, qu’il reçut avec précaution et en y portant toute son attention. On sentait qu’il faisait pour apprendre n’importe quoi un effort cinq ou six fois plus considérable qu’un autre. Mais, pourvu qu’il échappât au châtiment, tout allait bien.

Soudain je regardai Curvello, et je frémis. Il nous considérait avec un mauvais rire. Je ne fis semblant de rien. Mais, au bout d’un instant,