Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/322

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La visite de Conrado, neuf jours après, confirma les craintes de la tante. Il fut glacial, du commencement à la fin. Venancinha en fut atterrée. Elle espérait que neuf jours de séparation adouciraient son mari. Il s’était radouci, en effet, mais il se couvrait d’un masque, et se contenait pour ne point capituler. Et cette attitude fut plus salutaire que tout le reste. La terreur de perdre son mari fut pour Venancinha le meilleur des remèdes. L’exil même n’était rien auprès.

Et voilà que, deux jours après cette visite, tandis que les deux femmes se tenaient au portail, prêtes à sortir pour la promenade journalière, elles aperçurent un cavalier qui venaient à elles. Venancinha étouffa un cri, et courut se cacher derrière le mur. Dona Paula devina tout. Elle voulut voir le cavalier de plus près. Au bout de deux ou trois minutes, il passa devant elle. C’était un beau garçon, élégant, bien campé sur sa selle, qu’il pressait de ses fines bottes vernies. Il avait les traits de cet autre Vasco dont il était fils : la même pose un peu penchée du visage au-dessus de larges épaules, les mêmes yeux ronds et profonds.