Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/360

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Je vous conjure, filles de Jérusalem…

Leurs voix se rapprochent de plus en plus. Voici qu’ils pénètrent dans les couches profondes de la théologie, de la philosophie, de la liturgie, de la géographie et de l’histoire, leçons anciennes, notions modernes, chaotiquement mélangés, dogme et syntaxe. La main panthéistique de Spinoza est passée ici en cachette ; nous retrouvons là le coup d’ongle de l’Ange de l’école. Mais rien de tout cela n’est Sylvius ni Sylvie. Emportés par une force intime, par une affinité secrète, ils percent à travers tous les obstacles, passent par-dessus tous les abîmes. Nous voici dans le réceptacle des sombres regrets, des dégoûts qui ont passé par le cœur du chanoine, et qui forment des taches morales auprès desquelles s’étend une teinte jaunâtre ou violacée, qui est le vague reflet de la douleur universelle. Ils passent à travers tout cela, avec la rapidité de l’amour et du désir.

Tu chancelles, lecteur ? ce n’est pas l’effet d’un cataclysme ; c’est tout simplement le chanoine qui s’assoit. Il s’est étiré à son aise, et il est revenu à sa table de travail pour se relire et