Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et elle m’a enfin déclaré que j’avais peur que tu ne m’oubliasses, mais que c’était à tort…

— Elle s’est trompée, interrompit Camille, en riant.

— Ne dis pas cela, Camille. Si tu savais combien j’ai couru à cause de toi. Tu le sais ; je te l’ai dit. Ne ris pas de moi, ne ris pas.

Camille lui prit les mains, la regarda, sérieux et fixe. Il jura qu’il l’aimait beaucoup et que ses craintes étaient puériles. En tous cas, quand elle aurait peur, la meilleure cartomancienne c’était encore lui-même. Ensuite, il la gronda ; quelle imprudence d’aller dans cette maison. Villela pouvait le savoir, et ensuite…

— Allons donc ! toutes mes précautions étaient prises en entrant.

— Où demeure-t-elle ?

— Tout près d’ici, rue da Guarda-Velha ; personne ne passait à ce moment. Rassure-toi : je ne suis pas folle.

Camille rit une autre fois ;

— Vraiment, tu crois à ces choses ? lui demanda-t-il.

Ce fut alors que, traduisant Hamiet, sans le savoir, en prose vulgaire, elle lui dit qu’il y