Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/73

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chez un saint : je commence à désespérer des hommes.

— Tu exagères toujours, Jean-Baptiste, répondit le saint évêque. N’exagérons pas. Écoute : aujourd’hui encore, il m’est arrivé une chose qui m’a fait sourire et qui peut-être t’aurait indigné. Les hommes ne sont point pires qu’ils n’étaient dans les autres siècles. Faisons abstraction de ce qu’il y a de mauvais en eux, et il restera encore beaucoup de bon. Crois-m’en, et tu souriras en écoutant mon histoire.

— Moi ?

— Toi-même, Jean-Baptiste, et toi aussi, François de Paule, et vous tous, vous sourirez avec moi. Pour ma part, je puis le faire, puisque, ayant intercédé auprès du Seigneur, j’ai obtenu de lui ce que me demandait cette personne.

— Quelle personne ?

— Une personne plus intéressante que ton notaire, Joseph, et que ton marchand, Michel.

— C’est possible, repartit saint Joseph ; mais non pas plus intéressante que la femme adultère qui est venue aujourd’hui se prosterner à mes pieds. Elle venait me demander de purifier son cœur de la lèpre de la luxure. Elle s’est