Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4 PROLOGUE


lui[1] donner matere[2] a faire ce que Nature li a enchargié. Et li dit par ceste manière[3]:

Je sui Amours qui maint cuer esbaudi
Et fai mener douce et joieuse vie.
Si ay oy, Guillaume, je te di,
4 Que Nature, qui tout fait par maistrie,
     T’a dit qu’a part t’a volu faire
Pour faire dis nouviaus de mon affaire.
Pour ce t’ameinne ici en pourvëance,
Pour toy donner matere a ce parfaire,
Mes trois enfans en douce contenance :
10 C’est Dous Penser, Plaisance et Esperance.[4]

Seur Dous Penser tout premiers t’estudi :[5]
C’est li premiers qui mes biens signefie.
A Plaisance t’estude n’escondi,
14 Car c’est celle qui plus les multeplie ;[6]
     Et Espérance fait atraire
Joie en mes gens et mon service plaire.
Or pues tu ci prendre grande sustance[7]
Dont tu porras figurer et retraire
Moult de biaus dis, et par mainte ordenance,
20 Seur Dous Penser, Plaisance et Esperance.

Mais garde bien, sur tout ne t’enhardi
A faire chose ou il ait villenie,
N’aucunement des dames ne mesdi ;
24 Mais en tous cas les loe et magnefie.
     Saches, se tu fais le contraire,
Je te feray très cruelment detraire.[8]
Mais en honneur fay tout et si t’avance :

  1. III. — A li —
  2. F voie —
  3. Et li dit p. c. m. manquent dans E. I cuer esb. manque dans E
  4. F pensers
  5. F Leur ; A premier
  6. FH le ; F monteplie
  7. FH grant
  8. A cruelement.