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VII
INTRODUCTION

la source de son inspiration. Oton de Granson, dans son Lai de désir en complainte, invoque directement l’autorité du vieux maître :

Maistre Guillaume de Machault
Dit bien que revengier n’y vault, etc.[1],


et dans une Complainte de l’an nouvel il reproduit une situation imaginée par Machaut dans la Fontaine amoureuse, dont Froissart s’était déjà inspiré dans le Dit don bleu chevalier. Martin le Franc déclare qu’il n’est pas d’accord avec Machaut sur la décision du débat qui fait l’objet du Jugement dou Roy de Behaingne : « Je ne m’accorde au jugement Machaut[2] ». On trouve encore une mention de notre poète dans le Débat du Reveille matin d’Alain Chartier qui lui emprunte également le cadre et le fond du Livre des quatre dames[3]. Les œuvres de Guillaume étaient connues même au delà du domaine de la langue française. Chaucer, le grand poète anglais, s’est inspiré du Dit de la Fontaine amoureuse pour son Boke of the Duchesse et a fait des emprunts encore à d’autres poèmes de Machaut[4]. Sa vogue dans les pays catalans est déjà attestée en 1367 par la mention d’un manuscrit « Méchant ó

  1. Édit. Schirer (1905), p. 37. L’éditeur, de même que M. Piaget [Romania, XIX, 424 et 426), trompé par le manuscrit, a vu deux lais là où il n’y en a qu’un seul. Ce n’est qu’en réunissant les deux pièces qu’on obtient le nombre réglementaire de douze strophes, dont la dernière est pareille à la première, suivant la théorie du lai.
  2. G. Paris, Romania, XVI, 409.
  3. A. Piaget, Romania, XXI, 616-617 ; G. Paris, Villon, p. 93.
  4. Sandras, Étude sur Chaiicer (1959), p. 76 ss. ; 89-95 ; ten Brink, Chaucer-Studien, I (1870), 7-11.