Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/234

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12Que tout ce couvient demourer[1]
Pour le temps qui, de sa nature,
Mue sa chaleur en froidure,
Un po après le temps d’autonne
16Que chascuns vandange et entonne
Qui a vingnes a vandangier,
Et qu’on a a petit dangier[2]
Pesches, moust, poires et roisins,[3]
20Dont on presente a ses voisins,
Que li blez en la terre germe[4]
Et que la fueille chiet dou cherme,[5]
Par nature, ou dou vent qui vente,[6]
24L’an mil trois cens nuef et quarante,
Le novisme jour de novembre,[7]
M’en aloie par mi ma chambre.[8]
Et se li airs fust clers et purs,[9]
28Je fusse ailleurs ; mais si obscurs
Estoit, que montaingnes et plains
Estoient de bruines pleins.
Pour ce me tenoie a couvert ;
32Car ce qu’estre soloit tout vert[10]
Estoit mué en autre teint,[11]
Car bise l’avoit tout desteint
Qui mainte fleur a decopée[12]
36Par la froidure de s’espée.

Si que la merencolioie
Tous seuls en ma chambre et pensoie[13]
Comment par conseil de taverne[14]
40Li mondes par tout se gouverne ;

  1. D se
  2. F dongier
  3. E moult; D pesches et raisins
  4. D Que ble; FB blef
  5. B chierme ; D chiesne ; F chenne
  6. D out
  7. Mss. Le .ixe. j.
  8. E alay
  9. D fu
  10. D Que ce quaistre
  11. D Estre
  12. D deserpee
  13. E ceulz; et manque dans D
  14. D Comme.