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XXIV INTRODUCTION


[1] n’y a pas lieu d’admettre qu’il ait pour cela abandonné ses fonctions auprès du roi de Bohême ; car ces bénéfices n’obligeaient pas à la résidence, et Machaut n’avait même pas besoin d’une dispense particulière à ce sujet, le roi de Bohême, comme tous les souverains, ayant

  1. jusqu’en 1359, car la menace d’une invasion anglaise ne put se produire qu’après le 25 mai 1359, quand les États-Généraux repoussèrent le projet de traité passé à Londres entre les rois Jean et Edouard. Reims, plus menacée qu’aucune autre ville de France, déploya une activité infatigable pour se mettre en état de défense. Les travaux étaient dirigés par un conseil de six bourgeois à qui l’archevêque Jean de Craon avait dû abandonner, depuis 1356, le soin de « prendre garde des ouvrages et autres nécessités, sûreté et tuition de la ville », et qui fut confirmé par le régent, le 9 septembre 1358. Voilà sans doute ce que Machaut appelle être « en main de commun ». Ce conseil avait été autorisé à imposer l’obligation de contribuer à la défense de la ville à tout le monde, « de quelque estât ou condicion qu’il soient » ; et il n’avait sans doute pas ménagé le clergé. Le 12 mars de la même année, les seigneurs hauts justiciers de Reims avaient consenti à la levée d’une gabelle pour un an, cet impôt détesté entre tous et qui fut étendu aussi « aux gens d’église et aux clercs. » (Voy. Varin, Arch. administr. de Reims, III, pass.). Aux États Généraux de mai 1359, à Paris, le clergé avait accepté les mêmes impôts que les deux autres états, et d’un autre côté, jamais la valeur de l’argent, par suite des mutations de monnaie, n’était tombée aussi bas. Quant à la menace du poète de quitter Reims et d’aller en exil dans l’Empire, ce n’est sans doute qu’une simple boutade qu’on ne prendra pas au sérieux. Enfin, Guillaume parle de son frère malade et pauvre comme lui. Nous ne lui connaissons comme frère que Jean de Machaut. Or, celui-ci devient chanoine à Reims, auprès de son frère, le 13 sept. 1355 (Livre rouge du chapitre, fol. 29 r°). Tout concorde donc à assigner à cette pièce une date assez tardive, peut-être la seconde moitié de l’année 1359, entre les mois de mai et de novembre. Par suite, elle ne peut témoigner de la présence de Machaut à Reims en 1340, présence qui cependant est assurée par l’acte de l’echevinagé.