Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
INTRODUCTION LXXIX


formait un gracieux petit poème, bien connu encore à l’époque de Guillaume, car c’est précisément un peu avant ce temps-là qu’un certain Chrétien (Legouais ?) l’inséra dans la vaste compilation de l’Ovide moralisé[1]. Notre poète, en effet, rappelle en quelques lignes seulement la triste aventure qu’il peut supposer connue de la plupart de ses auditeurs et lecteurs.

5" Héro et Léandre (y. 3221-98). Le roman de Flamenca nous fait savoir qu’on chantait « d’Ero e de Leandri » déjà au xiiie siècle, au moins dans le Midi de la France[2]. Dans la littérature du Nord, le sujet ne paraît pas avant l’époque de Machaut[3], Peu avant notre poète, Chrétien Legouais avait raconté l’histoire des deux amants, bien qu’elle ne figurât pas dans les Métamorphoses d’Ovide, dans le quatrième livre de l’Ovide moralisé[4]. Mais cette œuvre n’était sans doute pas en-

  1. G. Paris, Histoire littéraire de la France, XXIX (i 885), 497-498 ; Grôber, l. c., p. 692.
  2. Le Roman de Flamenca, p. p. P. Meyer (2e éd., 1901, I, 25) : « L’autre (comtet) d’Ero e de Leandri ».
  3. Dernedde (l. c., p. 113), ne connaît aucune allusion à l’histoire de Héro et de Léandre avant Froissart qui est postérieur à Machaut et qui doit à celui-ci sans doute sa connaissance de la légende. La Cantilena de Leandrico, citée dans le Verbum abbreviatum de Pierre le Chantre de Paris, ne se rapporte pas nécessairement à la légende grecque (voy. G. Paris, Hist. litt., XXIX, 765). L’auteur du Roman de Thèbes a supprimé dans son adaptation française le passage de la Thébaide (VI, 535 ss.), où Stace rappelait brièvement cette aventure. Mais le roman d’Ider cite Ero parmi les grandes amoureuses de l’antiquité, et le couple d’amants qu’il appelle Eco (lisez Ero) et Leander quelques vers après désigne évidemment les amants d’Abydos (Hist. litt. de la France, XXX, 212).
  4. G. Paris, Hist. litt. de la France, XXIX, 516-17. Le passage en question, faussement attribué à Philippe de Vltry, a été publié par P, Tarbé dans la Collection des poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle, VIII (1850), p. 46-62.