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LXXXII INTRODUCTION


plus à son sujet, le dénouement. D’autres fois enfin, il les présente ou croit les présenter pour la première fois à des auditeurs français (Thésée et Ariane, Héro et Léandre) ; il en donne un récit complet et détaillé. De cette façon, il nous renseigne assez exactement sur l’état des connaissances du public français contemporain en matière de légendes antiques. Il a rigoureusement appliqué le même procédé aux autres récits tirés de l’antiquité qui sont intercalés dans les poèmes suivants ; là encore nous puiserons de précieux renseignements sur la vogue que pouvait avoir certaines productions littéraires d’auteurs anciens dans les cercles courtois de la France du xive siècle.

Pour ses histoires inédites, ainsi que pour les nouveaux détails qu’il ajoute aux récits antérieurs, Machaut a puisé directement aux sources latines. Chacun de ces « exemples » nous ramène à Ovide. Ce ne peut être un pur hasard que les quatre récits qui contiennent des données nouvelles aient tous pour base les Héroïdes de ce poète et que Machaut ait rappelé tous les principaux éléments de ses « exemples ». Il ressort de là avec beaucoup d’évidence que Guillaume, à la quête d’exemples d’amour malheureux, s’est inspiré de cette œuvre du poète latin, connue pour fournir le nombre le plus considérable de couples d’amants infortunés, avec leurs noms et leurs aventures, nouvelle preuve ajoutée aux autres que les Héroïdes d’Ovide, augmentées peut-être de quelque commentaire médiéval ayant puisé encore à d’autres ouvrages latins (Hygin, Servius), étaient connues des poètes savants du XIVe siècle aussi bien que les Métamotyhoses et le traité sur l’Art d’aimer. Fidèle à son principe de ne s’étendre longuement que