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XXXVIII INTRODUCTION

qui l'environnent en mètre et en nombre devers et aussi en ryme, excepté la dernière, dont la forme et les rimes sont exactement pareilles à celles de la première strophe. Mais, outre ces règles fondamentales, nous pouvons encore constater les faits suivants : dans la plupart des strophes (8 sur 11), le poète a divisé cha- que demi-strophe en deux parties égales, de sorte que la strophe entière en arrive à être composée de quatre « quartiers » pareils. Ceci n'est pas encore érigé en loi, puisque trois strophes font exception; mais on voit déjà se préparer cette règle que formuleront bientôt les « Arts de seconde rhétorique » du xv e siècle. On remar- que encore que, de toutes les strophes, la première et la dernière, qui sont identiques, sont exécutées avec le plus de soin et le plus d'art. Non seulement le poète y emploie trois sortes de vers (de 3, 4 et 7 syllabes) — ceci se retrouve encore dans trois autres strophes — , mais il y introduit aussi trois espèces de rimes, tandis que tous les autres couplets n'en ont que deux, et l'enchaînement des vers y est plus compliqué et plus artistique — au goût de l'époque — que partout ailleurs. Cela ne peut être l'effet du hasard chez un poète scru- puleux comme Machaut; il y a là l'intention nettement perceptible de donner dès le début toute la mesure de sa virtuosité dans l'art de « métrifier ». Enfin, si l'on tient compte du fait que le poème demandait à être entiè- rement accompagné d'une composition musicale variant pour chaque strophe, on reconnaîtra aisément quel travail avait à fournir le compositeur aussi bien que le poète. C'est donc par le genre lyrique le plus difficile, exigeant le plus grand effort, que Machaut débute dans le Remède de Fortune.

2. Vient ensuite une Complainte (v. 905-1480), vaste poème, exprimant, comme l'indique son nom, les plaintes et les lamentations du poète. Elle se compose

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