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XLVI INTRODUCTION

suffisamment de la forme normale des strophes de bal- lade, pour pouvoir mériter en effet un classement à part. Nous n'avons jamais rencontré cette forme dans les ballades antérieures à celles de Machaut. Il se pour- rait bien que ce fût là une innovation de notre poète, tentée ici-même pour la première fois. Ceci explique- rait alors pourquoi, à côté de la ballade de forme clas- sique, notre poème contiendrait exceptionnellement un second exemple de ballade : celui-ci représenterait une forme nouvelle, un essai poétique fait par Guil- laume lui-même. Se rendant bien compte qu'il s'agis- sait là de quelque chose de neuf et d'inusité, il a pu son- ger à donner à ce genre nouveau une désignation spéciale, afin de le distinguer de la ballade proprement dite '. Le diminutif baladelle est probablement motivé par la forme des vers : ceux-ci ne sont ici que de sept et de trois syllabes. Or, des ballades en vers de sept syllabes sont rares chez Machaut qui se sert de préférence des vers octosyllabiques ou décasyllabiques, tandis qu'avant lui le vers de sept syllabes dominait dans ce genre lyrique 2 . C'est donc sans doute cette brièveté du vers, devenue une particularité de ce genre de ballade, qui aura décidé l'auteur à choisir ce terme de « baladelle * ».

��ades ; elle y paraît 16 fois (N * i3-i6; 41-44; 69-72; 97-100; voy. l'édition de Gaston Raynaud 1905, Introduction, p. xxvn) et dans la réponse V de Jacquet d'Orléans (ibid. p. 209-210).

1 . Le terme de baladele apparaît déjà dans le Dit de la Panthère d'amour, où il est également appelé par la rime (voy. P. Meyer, Romania, XIX, p. 28) ; cependant il y est mieus à sa place qu'ici, car là-bas il désigne en effet une petite ballade de 12 vers (3 stro- phes à quatre vers : a a a A).

2. Voyez l'introduction de mon édition de la Prise amoureuse de Jean Acart de Hesdin (Gesellsch. fur roman. Literatur, 22 (1910), p. lvii) et un article paru dans la Zeitschr. fur roman. Philologie, XXXV (1911), p. 157-159.

3. Il est à remarquer que la ballade 177 de Machaut, de même que celles du Livre des Cent Ballades pareilles à notre bala-

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