Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, II.djvu/94

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14 REMEDE DE FORTUNE

Ne comment elle pris m'avoit; Car pour riens ne li descouvrisse

364 L'amour de mon cuer, ne deïsse, Ne descouvrir ne li peiïsse, Se je vosisse ne sceiisse ; Eins portoie couvertement

368 Ceste amour et celeement,

Sans faire en plainte ne clamour, Tant estoie espris de s'amour. Nompourquant, quant de son regart

372 Sentoie le très dous espart, Je perdoie toute vigour Par sa force et par sa rigour, Et me faisoit teindre et pâlir,

376 Frémir, trambler et tressaillir. Lors pooit bien apercevoir Que l'amoie sans décevoir Plus cinq cens mille fois que mi,

38o Sans feintise et de cuer d'ami. S'usoie ensement ma jouvente Pour ma très douce dame gente En dous penser, en souvenir,

384 En espérance d'avenir

A sa grâce que tant désir Que je n'ay nul autre désir.

Si sentoie maintes pointures, 388 Une heure douces, l'autre sures,

L'autre plaisant, l'autre enuieuse, L'autre triste, l'autre joieuse.

��363 ABE rien — 364 KJ ne li deisse — 369 en manque dans E — 370 B sonnour — 372 E esgart — 374 KJ Par la force de sa vigour {dans K vigour est corrigé en rigour) — 38 1 KJ Vsoie — 387 E mainte pointure — 388 FE douce ; J les autres; E sure — 390 BEC tristre.

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