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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/131

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[vers 1697]
77
DU VOIR-DIT.
L’AMANT.
CHANSON BALADÉE.

Douce, plaiſant & debonnaire,
Onques ne vi vo dous viaire,
Ne de vo gent corps la biauté ;
Mais je vous jur en loiauté
Que ſur tout vous aim, ſans meffaire.

Certes & je fais mon déu,
Car j’ay moult bien apercéu
Que de mort m’avez reſpité
Franchement ſans avoir tréu.
Qu’à ce faire a Amours méu
Vo gentil cuer plain de pité.
Si ne doi pas eſtre contraire
À faire ce qui vous doit plaire
À tous jours mais ; qu’en vérité,
Mon cuer avés & m’amiſté
Sans partir, en vo dous repaire.
Douce, plaiſant & debonnaire, &c.

Ne m’avez pas deſcongnéu,
Ains m’avez tres-bien cognéu,
Par voſtre grant humilité,
En lit de mort où j’ay géu.
Belle quant il vous a pléu,
Que vous m’avés reſuſcité ;
Si que je ne m’en doi pas taire.
Ains doi par tout dire & retraire
Le grant bien qu’en vous ay trouvé,
La douceur, le bien, l’onneſté
Qui en vo cuer maint & repaire.
Douce plaiſant & débonnaire, &c.

Et ſe fortune m’a néu,
Et fait don pis qu’elle a péu,