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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/144

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[vers 2084]
LE LIVRE

« Elle ne ſcet nés qu’une beſte ;
« Onques ne fu à bonne feſte.
« Et s’elle y eſt, en un congnet
« Se boute adés, des gens longnet,
« Et s’ahonte quant on la voit.
« Et encor plus : s’elle ſavoit
« Une tres-bonne compaignie,
« Qui fuſt de joie acompaignie,
« Ou qu’Amours, amie ou amis,
« Se fuſſent aucun bien promis,
« Certes elle l’empeſcheroit,
« Et le milleur en oſteroit
« S’elle pooit ; qu’elle n’a cure
« De choſe qui ne ſoit obſcure ;
« N’elle ne vuet pas qu’on la voie
« En lit, ou en chambre, ou en voie ;
« À ſon pooir touſdis ſe muce :
« Se defous les glaces de Pruce[1]
« Eſtoit noïe & craventée,
« Des amans ſeroit toſt plourée.
« Car honteus, en jour de ſa vie,
« Ne couars n’ara belle amie ;
« Et Fortune aïde aus hardis,
« Et grieve les acouardis.

« Si qu’amis dous, conforte-toy
« Et ne cure de ſon chaſtoy ;
« Que vraiement c’eſt grant folie,
« Qui s’en donne merencolie.
« Ta dame te remandera,

  1. De Pruſſe, où Machaut étoit allé.