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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/171

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DU VOIR-DIT.

L’AMANT.

Belle, quant vous m’arés mort,
Perdut arés voſtre ami ;
Moult aray piteuſe mort,
Belle, quant vous m’arés mort.
Se vos cuers n’en ha remort,
Helas ! bien puis dire : aymi !
Belle, quant vous m’arés mort,
Perdut arés voſtre ami.

LA DAME.
RONDEL.

Amis, ſe Dieus me confort,
Vous arés le cuer de mi,
Qui ſeur tous vous aime fort ;
Amis, ſe Dieus me confort.
Or laiſſiés tout deſconfort,
Car vous l’avés ſans demi ;
Amis, ſe Dieus me confort,
Vous arés le cuer de mi.

L’AMANT.
RONDEL.

Puis que languir ſera ma deſtinée,
Mes cuers ne puet ſi doucement languir,
Com par vous, belle, où ſont tuit mi deſir ;
Ce m’iert honneur & bonne renommée,
Puis que languir ſera ma deſtinée.
Et ſe je muir ainſi, tres-belle née,
Pour voſtre amour je ſeray vray martir.