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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/182

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[vers 3020]
LE LIVRE

Et leur loenge adés diray.
Et feray choſe qui leur plaiſe
À mon pooir, cui qu’il deſplaiſe,
Sans ſalaire & ſans guerredon.
Ne jà n’en quier requerre don,
En l’onneur de la gracieuſe
Que faim de penſée amoureuſe.

Taire me vueil d’or en avant,
De ce qu’ay parlé cy devant ;
Car bien ſay que tele matière
Li mauvais ne l’ont mie chiere,
Pour ce qu’il vuelent leur malice
Celer, s’il puelent, & leur vice.

Or vous diray ce qui m’avint,
Et à quel chief ceſt amour vint ;
Car ma douce dame le vuet ;
Quant il lui plaiſt, faire l’eſtuet.

Je fui là .iii. jours & .iii. nuis,
Les jours liés, les nuis plains d’anuis ;
Que Deſirs par nuit me toloit
Le dormir, Amours le voloit.
Si me tournoie & retournoie
En mon lit ou pas ne dormoie.
Mais Pité de jour gariſſoit
Ce qu’Amours de nuit honniſſoit ;
Car des biens de quoy je vous conte,
Eſſoie péu, malgré Honte,
Tous les jours, une fois ou deus ;
Car je n’eſtoie pas honteus
Du prendre ne du recevoir ;