Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
[vers 3261]
LE LIVRE

Et m’en alay la droite adreſſe
Devers m’amour & ma déeſſe.
Si vins en ſa douce preſence,
Navrés d’une amoureuſe lance :
Mais la belle qui touſdis rit
Moult doucement, mes maus garit.
Je me tais de mon acointance,
Et de ma ſimple contenance ;
Car j’eſtoie adès à mes unes.[1]
Mais ſe je veniſſe de Tunes,
La gracieuſe, que Dieus gart,
De bel acueil, de dous regart
Ne me partiſt plus largement.
Après m’appella ſagement
Et, ce vous di, tout à un cop,
Qu’elle n’en ſiſt ne po ne trop ;
Car ſi ſagement s’i porta
Que de tous bons los emporta.
À dont à li petit parlay
Qu’aveuc les autres m’en alay.
Quant il fu temps de departir,
Moult bas me diſt : « Celle part tir,[2]
« Dous amis, que véoir vous puiſſe.
« Faites qu’en ce vergier vous truiſſe
« Après ſouper, pour nous déduire,
« Quant li ſolaus laira le luire. »
Et je ne m’i oubliay pas,
Ainſois y vins plus que le pas ;
Mais elle y eſtoit jà venue,
S’ot grant joie de ma venue,

  1. À mes unes, toujours de même. Le ſens eſt incertain.
  2. Tire, dirige-toi de ce côté où, &c.