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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/215

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DU VOIR-DIT.

« Avez-vous bien appercéu
« La déeſſe que j’ay véu,
« Sa grant biauté, ſa contenance,
« Son ſens, ſon pooir, ſa vaillance :
« Comment elle vous aombra
« De ſa nue qui douce ombre ha ;
« Comment elle nous a ſervi ?
« Et ſi ne l’ay pas deſſervi,
« Car nel porroie deſſervir
« Juſques à mil ans pour ſervir. »
Elle me diſt : « Tres-dous amis,
« En nos cuers la déeſſe a mis
« Amours qui touſdis croiſtera,
« Ne jamais ne s’en partira.
« Bien ay véu ſa deſcendue,
« Et ſon alée & ſa venue :
« Or amez fort & loialment,
« Car je vous promet bonnement
« Que mon cuer avez ſi ravi
« Que le bien amer vous renvi ;
« Ne jamais en jour de ma vie
« Je n’aray d’autre amer envie. »
Je di : « Belle, Dieus le vous mire !
« Trop plus vous aim que ne ſay dire,
« Et jamais ne vous fauſſeray ;
« Mais vrais & loiaus vous ſeray. »

Adont la belle m’acola,
Et mis ſon bras à mon col ha,
Et je de .ii. bras l’acolay,
Et mis ſon autre à mon col ay :
Si attaingny une clavette
D’or, & de main de maiſtre faite,