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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/219

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DU VOIR-DIT.

Ce qu’eſt eſcript en ceſte page ;
Et le rondel qu’elle avoit fait
Au miracle cy devant fait.


XX. — Mon tres-dous cuer & mon vray amy, j’ay receu vos lettres & ce que vous m’avez envoié, de quoy je vous merci tant & de cuer comme je puis plus ; & par eſpecial de la bonne diligence que vous avés eue de moy faire ſavoir voſtre bon eſtat ; car c’eſtoit le plus grant deſir que je euſſe (après celli que j’ay de vous revoir) que de ſavoir que vous fuſſîés en bon point. Et ay eu plus de bien & de joie au jour & à l’eure que je receus vos lettres que je n’avoie eu puis que vous partiſtes. Et pour un deſir que j’avoie de vous veoir, avant que je vous euſſe veu, je en ay ad preſent .c. mil, & à bon droit. Car je n’avoie mie encores congneu le bien, l’onneur & la douceur que j’ay depuis trouvé en vous. Si vous jure, en l’ame de moy, qu’il n’eſt eure en quelque eſtat que je ſoie que il ne me ſoit avis que je vous voie devant moy, & que il ne me ſouviengne de voſtre maniere & de tous vos dis & vos fais. Et, par eſpecial, de la journée de la beneyçon du Lendit, & de l’eure que vous partiſtes de moy & je vous baillay ma clavette d’or : ſi la vueilliés bien garder, car c’eſt mon treſor plus grant. Si n’os onques-mais .ii. ſi bons jours à mon gré. Si ne cuide mie quil peuſt avenir choſe par quoy je vous peuſſe oublier ; car il n’eſt riens de quoy il me ſouviengne tant, nes Dieu prier.[1] On me diſt, quant vous partiſtes, que on vous avoit veu partir, & que vous me mandiés que vous n’aviés veu nullui, & aviés dit que ce avoit eſté pour ce que vous ne m’aviés point veu. Et j’entendi bien tantoſt que c’eſtoit à dire ; je le ſavoie bien : car tout en tel eſtat que vous me laiſſastes, ſans prendre nulle autre choſe, je alay après vous & vous regarday, juſques vous fuſtes hors : & en vérité il ne fu puis

  1. Même de prier Dieu.