Si m’aſſis & vi clerement
Que c’eſtoit le Roi qui ne ment.[1]
Là li firent obéiſſance
Tuit & toutes, & reverence ;
Et j’auſſi li fis brief & court.
Chaſcuns d’eus ala à ſa court :
Là ot mainte belle demende
Dont il n’eſt meſtier que je rende
Raiſon, car long ſeroit à faire
Dou dire, pour ce m’en vueil taire.
Mais à mon tour atant alay,
Et par tel guiſe au Roy parlay : [App. LVI.]
« Rois, tu dois eſtre véritable,
« Juſtes, loiaus & charitables,
« Et bien amer tes bons amis,
« Et fort haÿr tes anemis ;[2]
« Car trop fait à blaſmer li hons
« Qui eſt crueus comme lyons,
« En temps de pais à ſon ami ;
« Et courtois à ſon anemi,
« Méeſmement en temps de guerre :
« Qu’il ne puet en ce monde acquerre
« Riens dont ſon pueple tant le blaſme,
« Comme de chéoir en tel blaſme.
« Belle choſe eſt de vérité
- ↑ Eſpèce de jeu. Le poëte, continuant à nous raconter ſon rêve, va faire un cours d’éducation royale. Nous ſommes à la fin de 1363, quand le roi Jean, retournant en Angleterre, vient de remettre au dauphin, duc de Normandie, la régence du royaume.
- ↑ Double principe de politique que les rois de nos jours ont dû plus d’une fois regretter d’avoir oublié.