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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/31

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xv
SUR LE POËME DU VOIR-DIT.

dame[1] qui vient ſe plaindre de l’arrêt porté dans le Jugement du roi de Bohême, fait une alluſion très-claire à l’âge peu avancé de notre poëte :

Car vous eſtes trop juenes hons
Pour dire ſi fortes raiſons.

Or on ne fait pas un reproche de ce genre à un cinquantenaire.

Tels ſont les motifs que je mets en regard des trente ans de ſervice de Guillaume de Machaut. Si on veut bien partager mon ſentiment, il n’auroit eu que de trente à trente-cinq ans à la mort du bon prince qui avoit pris ſoin de ſa première enfance.

M. Tarbé, l’éditeur de quelques extraits des poéſies de Guillaume de Machaut, en a penſé différemment. Suivant lui, notre poëte, en 1346, avoit atteint cinquante ans,[2] âge où, comme

  1. Cette dame, alors d’un âge raiſonnable, « entre le ver & le meur, » étoit Béatris de Bourbon, veuve du roi de Bohême. Dans l’anagramme où Guillaume s’eſt nommé avec le roi de Navarre, il la fait aller à Burgloſt: : or Burgloſt ou Burgleſt eſt un château des rois de Bohême, à ſix lieues de Prague ; la reine douairière l’avoit conſervé & Guillaume y avoit lui-même ſéjourné.
  2. Le ſavant auteur de la Biographie des Muſiciens, M. Fétis, va plus loin que M. Tarbé, & rapporte à l’année 1284 la naiſſance de Guillaume de Machaut. L’article qu’il lui a conſacré (tome IV, 2e édition) fourmille d’erreurs qu’il eſt inutile de relever ici. — Avant lui, l’abbé Rives faiſoit naître Guillaume douze ou quinze ans encore plus tôt.