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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/336

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LE LIVRE

ſoit nulle nouvelle de voſtre venue. Et ſi toſt come vous ſerez deſcenduz en l’oſtel deſſus dit, ſi envoiez par devers moy en l’oſtel de ma mere[App. LXXII.] aucun de vos gens, & par celui m’eſcriſiez voſtre venue. Et s’il trouvoit en l’oſtel de ma mere aucune perſonne qui li demandaſt dont il venoit, qu’il déiſt qu’il veniſt de ma ſuer, & qu’il m’apporte lettres de par elle. Mon tres-dous cuer, je vous pry que vous m’eſcriſiez voſtre eſtat par ce meſſaige, & quant vous venrez par devers my, afin que je puiſſe mieus eſtre aviſée de mon fait. Car je vous promet loialment que la plus grant cauſe pourquoy je ſuis venue où je ſuis, ſi eſt pour ce que je vous y pourray veoir plus à loiſir que ailleurs. Je ne vous envoie point voſtre livre, pour ce que, ſe Dieus plaiſt, je le vous bailleray. Une de mes compaignes & amies qui s’appelle la Colombelle, ſe recommande à vous moult de fois ; & je vous promet que c’eſt une femme qui vous puet faire aſſez de bien : maiz je ne lui ay encores riens deſcouvert de voſtre affaire, ne ne feray juſques atant qu’il ſera poins. H.[1] eſt hors du païs, & ne puet venir quant à preſent, pour certaine cauſe : ſi ay ouvertes les lettres que vous li envoiez. Et ſi toſt come il revenra qui ſera brieſment ſe Dieu plaiſt, je l’envoieray vers vous, pour vous amener. Je prie à Noſtre Seigneur qu’il vous doint honneur & joie de quanque voſtre cuer aime. Eſcript le .xiiie. jour de novembre.

Voſtre tres-leal amie.

  1. Il ſemble bien que cet Henry, le grand & ancien ami de Machaut, ſoit un frère de Peronne, ou du moins un fils de Jean de Conflans, ſon beau-père. Dans une lettre précédente, Peronne parle des lettres de Machaut adreſſées à ſon frère, qu’elle auroit gardées pour les lui remettre plus tard. C’eſt H. qui auroit été l’intermédiaire des relations, & l’on comprend alors comment Peronne, entendant les éloges que ſon frère ne ceſſoit de faire de Guillaume, s’étoit épriſe d’amour pour lui.