Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
[vers 7255]
LE LIVRE

« Mais vous paierez la lamproie ;[1]
« Car vous n’eſtes pas advouez,[2]
« Ne conſillier ne me povez
« Tel conſeil, qu’il n’y ait deffaut ;
« Quant vous ſavez bien qu’il me faut
« Aler au dous commandement
« De celle que j’aim loyaument. »

Ainſi fumes en grant debat,
Que chaſcuns de nous ſe debat
En ſouſtenant s’entention.
Mais n’y ot pas concluſion ;
Pour ce qu’uns ſires s’embaty
En ma chambre, qui abaty
Nos paroles & nos debas,
Qui vint coiiettement, & bas
Diſt : « Dieus gart ceſte compaignie
« De courrous & de villonnie,
« Et li doint pais, honneur & joie,
« Telle com d’amour la vorroie ! »
Si qu’en l’eure nous nous levames
Et humblement le ſaluames,
Et li ſéiſmes reverence
De cuer & de noſtre puiſſance.
Si me mena par la main deſtre
Acouter ſur une feneſtre,
Et ſur un couiſſin s’acouta,
Et de chief en chief me conta
Comment il avoit eſcouté

  1. Apparemment pour « vous paierez une gratification ». Je ne crois pas que ce proverbe ait encore été recueilli.
  2. Avoué, approuvé.