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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/392

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[vers 8299]
LE LIVRE

La reſponſe au premier cercle.

Quant je amay premierement
Ma dame à qui ſuis ligement,
Si doucement me ſot atraire
Qu’onques puis ne m’en po retraire.
Mais je ne ſay par quel attrait
Son cuer de moy ſi toſt retrait,
Qu’en attraiant ſe retraioit,
Quant parmi le cuer me traioit
Son dous regart qui trop meſpriſt
Quant onques de s’amour m’eſpriſt. [App. LXXXVI.]
Si qu’à Fortune comparer
La puis proprement, & parer
Son cuer, ſon corps & ſes atours,
Aus jeus de Fortune & ſes tours.
S’il eſt voirs ce qu’on m’en a dit ;
Aultrement, ne di-je en mon dit.[1]

(Reſponſe au ſecont cercle.)[2]

Helas ! je l’avoie ſi chier !
Et tant l’amoie ſans trichier,
Qu’en verité je ne ſavoie
Se je la looie ou véoie.
C’eſtoit mon cuer, c’eſtoit m’amour,
C’eſtoit mon amoureuſe amour.
C’eſtoit mon deſir, ma plaiſance,
Ma joie & toute m’eſperance.
Aimy ! aimy ! aimy ! aimy !
Or eſt s’amour morte pour my,
Et ſa grace eſt eſvanuie,
Et ſa doulceur en fiel changie,

  1. Autrement je ne dis rien de pareil.
  2. Les réponſes au ſecond cercle & au troiſième ſont omiſes dans le mſc. 1584. Tout cela eſt d’un goût déteſtable. Quandoque dormitat