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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/414

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[vers 8816]
LE LIVRE

Au chant de la vierge, m’enſeigne
Qu’Amours, qui eſt la droite enſeigne
D’onneur, s’eſt toute eſvanuie
De vo cuer ; & s’en eſt partie
Honneur devant, pais, joie après,
Et deduit qui les tient de près.
Ainſi perdez d’amours la gloire.
Et tout par legierement croire.

« Or ay fait la comparaiſon
« De Fortune qui traïſon
« Fait à tous ceus qu’elle gouverne,
« Soit en egliſe ou en taverne,
« Soit en cité ou en palais.
« Empereres, roys, clers & lais,
« N’y a neluy que ne deçoive,
« Puis, qu’en ſa grace n’es reçoive.
« Et de vous & des .v. fontaines,
« Où, plus doucement que ſeraines,
« En chantant, Fortune appaſſoient
« Les .v. vierges, & l’aouroient
« Comme déeſſe ſouveraine,
« Pour donner repos qui eſt peine,
« Boneur qui eſt maléurté,
« Richeſces en mendicité ;
« Pour ce vous pri qu’il vous agrée
« Que léal amour confermée
« Soit entre vous & Toute-belle,
« Car je vous jur loiaument qu’elle
« Vous aime d’amour vraie & pure,
« Par deſſus toute créature.
« Et ſe vers li avez meſpris
« N’en fais, n’en dis, bien ay compris
« Que de bon cuer le vous pardonne,