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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/43

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SUR LE POËME DU VOIR-DIT.

dernier vers étoit ſanglant. » Or tout ce qu’on pouvoit déjà conclure de ce couplet, c’eſt que Guillaume de Machaut avoit aimé juſqu’à ſa mort la dame à laquelle s’adreſſoit Deschamps. Mais M. Tarbé, qui tenoit beaucoup à ſon Agnès de Champagne comteſſe de Foix, n’a pas voulu citer les deux couplets de la même pièce, qui euſſent découvert ſa mépriſe. Les voici :

Tous inſtrumens l’ont complaint & plouré,
Muſique a fait ſon obſeque & ſes plours,
Et Orphéus a le cors enterré,
Qui pour ſa mort eſt émutés & ſours ;
Ses tres-dous chans ſont mués en doulours ;
Autel de moy : s’enſi n’eſt, quant à mi,
Que je ſoie voſtre loial ami.

Euſtace ſuis par droit nom apellé :
Hé Peronne ![1] qui eſtes mes ſecours,
Qui en tous cas bien fiſtes à mon gré,
Ore vous pri que me ſoiez recours.
En recevant mes piteuſes clamours,
Me recréez, ſe il vous plaiſt enſi,
Que je ſoie voſtre loial ami.

Paſſons maintenant à une autre mépriſe de M. Proſper Tarbé : il a voulu rapporter la compoſition du Voir-Dit à 1348, année de la grande peſte noire qui alloit enlever à la France les

  1. Et non Peronné, comme on lit dans l’édition de Crapelet : Poéſies d’E. Deſchamps, p. 82.