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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/48

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NOTICE

les courtes notes qui accompagneront le texte. Les mépriſes que je n’aurois pas évitées dans la correction des épreuves & que j’aurois reconnues avant d’arriver à la fin, ſeront relevées dans un Supplément en forme d’Appendice. Il faudra, dans les lettres de nos deux amoureux, ſurtout dans les comptes rendus obligés du poëte, aborder avec un peu d’embarras certains paſſages délicats qu’il ne ſera pas impoſſible, après tout, d’interpréter d’une façon convenable. Aſſurément nous nous garderons d’appliquer la fameuſe deviſe de l’ordre de la Jarretière à ceux qui verroient ici ce que la reine Genievre, dans le beau roman de Lancelot, appelle le Treſpas des convenances ; mais au moins le dirai-je en toute ſincérité : je mis du parti de ceux qui n’y découvriront rien qui ne ſoit de bon exemple, à l’honneur des dames & des gens de bien.

Il faut auſſi remarquer que les façons de mener le parfait amour n’ont pas été les mêmes dans tous les temps. Tous les chemins peuvent mener à Rome, a dit le proverbe. Aux treizième & quatorzième ſiècles, les jeunes bacheliers qui, le plus ſouvent, attendoient leur établiſſement conjugal & féodal de leur bon renom de vaillance & prud’homie, abandonnoient aſſez volontiers au beau ſexe le ſoin des premières avances. Ils auroient craint d’être taxés de préſomptueuſe indiſcrétion, en ſe chargeant de les prévenir.