Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/413

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Giorgio et toute sa famille, ainsi qu'un grand nombre de ses amis et de ses partisans, et chassent le gouverneur. Alors Uguccione change comme il lui plaît tout le gouvernement de la ville : mais ce fut pour elle un grand malheur, car plus de cent familles furent exilées de Lucques. Dans leur fuite, les unes se réfugièrent à Florence, les autres à Pistoja ; et comme ces viles étaient gouvernées alors par le parti guelfe, elles devinrent nécessairement ennemies d'Uguccione et des Lucquois.

Les Florentins et les autres Guelfes jugeant, après ce succès, que le parti gibelin était devenu trop puissant en Toscane, convinrent entre eux de réintégrer dans leur patrie les exilés de Lucques : ils rassemblèrent à cet effet des troupes nombreuses, se portèrent dans le Val-di-Nievole, où ils occupèrent Montecatini, et de là ils vinrent mettre le siège devant Montecarlo, afin d'avoir le passage libre du côté de Lucques. De son côté Uguccione réunit un corps considérable de Pisans et de Lucquois, ainsi qu'un grand nombre de cavaliers allemands qu'il tira de la Lombardie, et marcha contre l'armée florentine, qui, à l'approche de l'ennemi, avait levé le siège de Montecarlo, et s'était postée entre Montecatini et Fescia. Uguccione disposa la sienne au-dessous de Montecarlo, et à deux milles environ des ennemis. Pendant quelques jours, la cavalerie de l'une et l'autre armée se borna à de légers engagements, parce qu'Uguccione se trouvant incommodé, les Pisans et les Lucquois évitaient avec soin de livrer bataille aux ennemis. La maladie d'Uguccione s'étant aggravée, il se rendit à Montecarlo pour se faire soigner, et laissa à Castruccio le commandement de l'armée. Cet événement causa la perte des Guelfes, qui redoublèrent de confiance parce qu'il leur sembla que l'armée ennemie était restée sans général. Castruccio s'en aperçut, et pendant plusieurs jours se conduisit de manière à les fortifier dans cette opinion : il avait l'air de craindre, et ne laissait sortir aucune munition du camp. De leur côté, plus les Guelfes