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Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/470

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LETTRES FAMILIÈRES.

de tous les mépris. Ensuite je voudrais bien que ces seigneurs Médicis commençassent à m’employer, dussent-ils d’abord ne me faire que retourner des pierres ; si je parvenais une fois à me concilier leur bienveillance, je ne pourrais me plaindre que de moi ; quant à mon ouvrage, s’ils prenaient la peine de le lire, ils verraient que je n’ai employé ni à dormir ni à jouer les quinze années que j’ai consacrées à l’étude des affaires de l’État. Chacun devrait tenir à se servir d’un homme qui a depuis longtemps acquis de l’expérience. On ne devrait pas non plus douter de ma fidélité ; car si jusqu’à ce jour je l’ai scrupuleusement gardée, ce n’est point aujourd’hui que j’apprendrais à la trahir : celui qui a été probe et honnête homme pendant quarante-trois ans (et tel est aujourd’hui mon âge) ne peut changer de nature ; et le meilleur garant que je puisse donner de mon honneur et de ma probité, c’est mon indigence.

Je désirerais donc que vous m’écriviez ce que vous pensez sur cette matière ; et je me recommande à vous. Sis felix.

N. Machiavel.

Florence, le 10 décembre 1513.


LETTRE VI

À FRANCESCO VETTORI

 Magnifique ambassadeur,

Il y a huit ou dix jours que je vous ai écrit, en réponse à votre lettre du 23 du mois passé : je vous y disais ce qui rendait incertain mon projet d’aller à Rome. J’attends de savoir ce que vous en pensez, après quoi je suivrai les conseils que vous me donnerez.

Je vous écris la présente en faveur de notre Donato dal Carno. Vous connaissez sa position, ainsi que la lettre qu’il avait d’abord obtenue de sa magnificence Giuliano pour le magnifique Lorenzo. Depuis lors, la mort à en-